ÉLECTRICITÉ – LES TENDANCES
Dans le sillage d’un marché du gaz naturel en baisse, l’électricité retrouve également des niveaux cohérent avec les fondamentaux de l’offre et la demande en France. Les discussions actuelles sur le mécanisme de soutien post-ARENH et les niveaux de rémunération attendus par EDF pour le nucléaire français autour des 70 Eur/MWh font office de balise d’orientation pour les marchés de gros qui convergent lentement vers le corridor 60-70 Eur/MWh pour les années calendaires 2024 et 2025.
Les prix journaliers du marché spot (au jour le jour, voir graphique) convergent également vers ces niveaux de prix alors qu’à la même époque l’année dernière, ces-derniers évoluaient au-delà de la marque des 100 Eur/MWh. La tendance reste donc globalement baissière mais une stabilisation des prix semble se profiler en raison notamment de potentiel de baisse limité sur les marchés gaz (25 Eur/MWh à l’heure actuelle).
Après avoir atteint un point bas le 23 février dernier, les marchés à terme ont rebondi avant d’entamer une phase de détente au début du mois de mars. Les produits à terme avril et mai 2024 cotent actuellement sous la marque des 50 Eur/MWh, un niveau inédit et rassurant mais révélateur également d’une consommation en baisse structurelle au niveau national sous la pression des contrats de fourniture conclus en 2022 et 2023. Sur le long-terme, la tendance semble être à une stabilisation en moyenne autour des 65 Eur/MWh (niveau actuellement de négociation entre Bercy et EDF sur le futur mécanisme de soutien au nucléaire français) et se reflète sur les cotations Cal25 et au-delà.
Il reste encore une forte disparité entre les prix attendus sur la période été par rapport à la période hiver (dit aussi Spread hiver-été) ce qui témoigne encore d’insécurité sur la capacité du mix de production national de pouvoir satisfaire la demande en période tendue de grand froid, notamment sur les mois de Janvier et Février.
La situation globale reste néanmoins très favorable au moins jusqu’au démarrage de l’hiver prochain et pourra présenter sur le marché horaire des créneaux de fourniture très avantageux.
La mobilité électrique avec recharge de nuit profite actuellement d’une forte contraction des prix sur la tranche horaire 4h à 5h (traditionnellement le prix le plus bas de la journée) en comparaison avec le bloc horaire de 19h à 20h (pointe de consommation du soir). La différence de prix entre ces deux créneaux avoisine les 45% sur un an.
Sur cette même période, le bloc horaire de 4h à 5h a diminué en prix de 57% tandis que celui de 19h ne reculait que de 49%. En résumé, le pilotage intelligent de la recharge électrique combiné à un contrat de fourniture compatible avec les opportunités offertes par le marché horaire permet de réduire substantiellement les coûts de la fourniture à la borne dans une tendance quasi systématique à son avantage par rapport à la consommation classique et thermosensible en chauffage notamment chez les particuliers ou bien chez les industriels en production de journée.
Le printemps approchant, si le niveau de prix moyen journalier risque vraisemblablement de se stabiliser entre 40 et 50 Eur/MWh en Avril et Mai 2024, les écarts de prix au cours de la journée n’auront cesse d’augmenter entre la période nuit et la période de jour. Il est à noter que la recharge sur le créneau méridien de 13h à 14h en haute puissance gagne en compétitivité à mesure que la puissance photovoltaïque installée en France augmente. En effet, la production méridienne maximale à cette heure fait régulièrement observer des écarts de prix conséquents avec la moyenne journalière. L’analyse comparée du créneau 4h à 5h et celui de 13h à 14h fait notamment ressortir qu’en période hivernale, une recharge de nuit sera plus efficiente économiquement tandis qu’à l’été, une recharge méridienne intermédiaire peut s’avérer au moins aussi compétitive que la recharge nocturne afin d’optimiser ses coûts de recharge.