Au moment où les ventes de véhicules électriques se multiplient et que
l’offre des constructeurs comporte désormais de nombreux modèles ayant
une autonomie suffisante pour envisager des déplacements fréquents en
itinérance, l’existence de réseaux de charge rapide sur les grands axes
routiers devient primordiale. Face à Ionity et à de grands pétroliers ou
énergéticiens comme Total ou Engie qui ont affiché de grandes ambitions
dans ce domaine, un autre acteur indépendant entend jouer sa carte :
Proviridis. Fondée en 2012 par Eric Ronco, cette société basée à Rousset
près d’Aix-en-Provence implante des infrastructures de distribution de
carburants alternatifs au travers de sa filiale V-GAS.
Après avoir démarré principalement dans les Bouches-du-Rhône et fort
d’une levée de fonds de 19 millions d’euros réalisée avec le soutien de
la Banque des Territoires et du Fonds de modernisation écologique des
transports géré par Demeter, le réseau dénommé V-GAS a entamé un
programme de déploiement national avec un premier objectif de 50
stations d’ici à 2025. L’originalité du réseau V-GAS est de proposer des
stations multi-énergies (GNV, électrique, hydrogène) en partant du
principe que les différentes énergies propres ne doivent pas s’opposer
mais se compléter. Par la création de ces stations « vertes »,
Proviridis compte apporter sa pierre à la transition énergétique en
accompagnant les transporteurs, les collectivités et les usagers vers «
l’écotransport ».
Du GNV, de la recharge ultra-rapide et bientôt de l’hydrogène
Au départ, le projet de Proviridis était principalement centré sur la
distribution de Gaz Naturel pour Véhicules (GNV), aussi bien sous sa
forme liquéfiée GNL que comprimée GNC, en privilégiant la distribution
de gaz naturel sous sa forme renouvelable (BioGNV). Mais à l’instar de
la dernière station inaugurée le 27 novembre à Plan d’Orgon qui propose 2
distributrices GNC et 2 distributrices GNL, la plupart des stations du
réseau V-GAS disposent également de bornes de recharge ultra-rapide (150
kW) pour véhicules électriques et seront à terme équipées de
distributrices d’hydrogène.
D’ores et déjà, 13 stations fonctionnent ou sont en cours d’ouverture en
Provence-Alpes-Côte d’Azur, mais aussi en Isère, en Savoie, dans le
Nord, en Saône et Loire, en Seine-et-Marne ou en Loire-Atlantique. Des
stations situées la plupart du temps à proximité d’industriels ayant
manifesté des besoins particuliers comme le groupe Lafarge à
Bouc-Bel-Air ou Vicat à Chambéry. Des industriels ayant privilégié le
GNV pour des raisons écologiques avec le biométhane (95% de particules
fine, 50% de NOx et 80% de CO2 en moins par rapport au diesel), mais
aussi économiques avec un coût de détention très inférieur à un véhicule
diesel et un prix 30% en moyenne inférieur au litre du diesel.
Un futur réseau de charge ultra-rapide pour voyager ZEN
Si avec le GNV et plus tard l’hydrogène, Proviridis s’intéresse principalement au transport de marchandises ou au transport collectif, il n’en n’est pas de même avec les bornes de recharge ultra-rapide qui concernent essentiellement le grand public. Tout en continuant à miser sur les professionnels, Proviridis assume pleinement cette nouvelle orientation pour laquelle, portée par un contexte éco-politique favorable, elle affiche de grandes ambitions. L’objectif d’Éric Ronco est de constituer un réseau d’une trentaine de bornes ultra-rapides au sein de chaque département français, soit près de 3 000 bornes avec à chaque fois deux points de charge. Un réseau qui se développerait non sous l’enseigne de V-GAS, mais sous celle de ZEN (Zero Emission Network).
Pour y parvenir et se libérer au maximum des contraintes de puissance liées à l’implantation de bornes ultra-rapide, Proviridis compte développer au maximum la production locale d’énergie, à l’instar de la dernière station de Plan d’Orgon où les bornes sont alimentées via des panneaux photovoltaïques et par la production de biométhane. Pour séduire le public, ces stations multi-énergies misent aussi sur la qualité de service avec une ouverture 7 jours/7, 24h/24 avec une assistance permanente avec le plus souvent la présence d’un technicien sur la station pour accompagner les usagers en cas de problème lors de leur ravitaillement. Proviridis compte également adopter une stratégie tarifaire agressive avec un prix annoncé de 0,35 € le kWh, très nettement inférieur à celui pratiqué par Ionity.
Emmanuel MAUMON – AVEM – Lien vers l’article original : cliquez-ici