Résumé : Si une prime de risque conséquente était encore constatée sur les maturités long-terme de mars à octobre 2023, les températures clémentes de l’hiver associées à une baisse structurelle des consommations en France et un approvisionnement en GNL continu et dynamique ont parachevé de rassurer les acteurs de marché sur une sortie de crise possible et le retour à des niveaux de prix cohérents avec la nouvelle donne énergétique post-conflit avec la Russie.
Le dynamisme de l’économie US et de ses exportations de GNL vers l’Europe soutiennent une économie continentale stagnante qui transparait dans un niveau de consommation en baisse par rapport aux quatre dernières années. Le gaz naturel se stabilise aujourd’hui en cette fin de saison hivernale dans le corridor 22 à 30 Eur/MWh sans prompte velléité de percer sur le très court-terme les plus bas atteints à la mi-février 2024. Les 22-23 Eur/MWh représentent encore aujourd’hui le support dans un contexte globalement détendu. La situation exceptionnelle de cette fin d’hiver concernant le stockage de gaz naturel (60,6% au 12/03/2024) pourrait jouer une élément clé dans les stratégies des acteurs de marché au printemps une fois la douceur durablement installée. Des cotations sous les 20 Eur/MWh restent envisageables à partir de la mi-avril 2024 si la situation globale des infrastructures d’approvisionnement reste tout aussi positive et le dynamisme des exportations US perdure.
Détail des phases de marché :
Phase 1 : forte décorrélation entre les attentes long-termes par rapport á la dynamique court-terme. Les calendaires affichent une prime de risque élevée dans la crainte de répercussions et répliques de la crise énergétique de 2022. La reconstitution des stockages à l’approche de l’hiver 2023-2024 reste un sujet de préoccupation mais trouve sa résolution positive au démarrage de la saison hivernale en octobre 2023.
Phase 2 : maturités court- moyen et long-terme convergent lentement les unes vers les autres dans une attitude défensive quant à la teneur de l’hiver approchant. La réalité physique finit par l’emporter avec une situation détendue dans un contexte d’approvisionnement GNL soutenu et de températures clémentes en fin d’automne. Les stockages restent à des niveaux très élevés et permettront de consolider progressivement le marché dans une dynamique globale baissière à l’approche de l’hiver.
Phase 3 : Le mois de décembre 2023 se déroule sans encombre et le marché capitalise sur des perspectives rassurantes et positives au moment des fêtes de fin d’années. Les différentes maturités restent malgré tout en évolution groupée.
Phase 4 : La première réelle vague de froid de l’hiver 2024 à la mi-janvier finit de rassurer les acteurs de marchés encore frileux ; la dynamique globale reste baissière jusqu’à aujourd’hui mais les cotations court-et moyen terme sous la cotation calendaire 2025 attestent malgré tout d’un surcroit d’optimisme sur la situation au jour le jour. Classiquement, les maturités plus éloignées restent en position défensive (dite de « contango ») mais suivent le sillage de la réalité de ce début de printemps. Les stockages de gaz naturel restent encore remplis à 60,6% en cette fin d’hiver ce qui représente un record absolu depuis de longues années. Cet élément devrait apporter une pression baissière supplémentaire une fois la douceur printanière installée et tout risque de vague de froid écarté. Il est tout à fait envisageable aujourd’hui que les cotations court- et moyen-terme atteignent des niveaux ponctuellement sous les 20 Eur/MWh à partir de Mai 2024. La cotation Cal25 restera cependant en position intermédiaire étant soumises aux aléas encore possibles de la conjoncture mondiale d’ici l’année prochaine.